- Le numéro de l'œuvre correspond au numéro du parcours de l'exposition dans le guide du visiteur.
- Vous pouvez également trouver ces œuvres dans la visite virtuelle.
Hank Willis Thomas est né dans le New Jersey (États-Unis) en 1976 ; il vit et travaille à New York. Il possède un Bachelor of Fine Arts de l’université de New York et un Master of Fine Arts du California College of the Arts (San Francisco) ; il a également reçu plusieurs doctorats honoris causa. Thomas est un artiste conceptuel qui travaille principalement sur la perspective, l’identité, la consommation, les médias et la culture populaire. Il a pris part à des expositions aux États-Unis et dans le monde entier : citons par exemple l’International Center of Photography (New York), le Guggenheim Museum Bilbao, le Hong Kong Arts Centre et le Witte de With Center for Contemporary Art (Rotterdam). Des expositions individuelles de son œuvre ont notamment pu être vues au California African American Museum (Los Angeles), au Cleveland Museum of Art, à la Corcoran Gallery of Art (Washington DC) et au Brooklyn Museum (New York). Parmi les grandes expositions de groupe où son travail était représenté, mentionnons l’exposition d’ouverture du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Le Cap) en 2017, le PS1 Contemporary Art Center (New York) et le Studio Museum in Harlem (New York). L’œuvre de Thomas a été intégrée à de nombreuses collections publiques, dont celles du Museum of Modern Art (New York), du Whitney Museum of American Art (New York) et de la National Gallery of Art (Washington DC). Il a été impliqué dans divers projets de collaboration, dont For Freedoms, qui a été couronné en 2017 par l’ICP Infinity Award for New Media et Online Platform. Des bourses lui ont également été accordées, comme la Gordon Parks Foundation Fellowship (2019) et la Guggenheim Fellowship (2018).
Une série d'œuvres
Numéro 13 sur le parcours de l'exposition
Lieu: le pavillon Braem
En 2019, Thomas a réalisé une série autour de la relation entre Anvers et le Congo. Le regard de l’artiste est imprégné du régime colonial de Léopold II au Congo. Cette perspective définit sa perception de la ville dont la symbolique visuelle comporte des mains séparées de leur corps. Cette association personnelle et artistique peut aussi être perçue comme pénible ou exagérée. La signification de ces symboles anversois provient de fait d’une tout autre origine, bien plus connue de la population anversoise et flamande et belge. À Anvers, la main est intrinsèquement liée au nom de la ville et symbolise les droits et les libertés citadines. Cette symbolique remonte au XIIIe siècle. Le biscuit en forme de main date quant à lui de 1934. Il est l’invention d’un pâtissier juif. Aujourd’hui, on peut le considérer comme un produit régional. La version en chocolat date des années 2000 et a fait une percée comme l’une des friandises anversoises par excellence. La pratique de l’amputation des mains appartient à la période la plus cruelle de l’histoire coloniale de la Belgique, celle de l’État indépendant du Congo sous la houlette du roi Léopold II. Pour l’artiste, les associations font référence au rôle que la ville a joué dans l’importation de matières premières précieuses de la colonie. En mélangeant visuellement les images dans ses œuvres, l’artiste souhaite rendre sa perspective de l’histoire tangible et permettre la coexistence de plusieurs interprétations.
500 Euros Ivory Tower (2019)
Brabo and the Ivory Tower (2019)
Antwerp, Belgium to Boma, Congo at Dakar (2019)
Les trois œuvres photographiques sont des sérigraphies sur vinyle rétroréfléchissant, ce qui permet de placer une seconde image sous la première qui n’apparaît que sous le flash d’un appareil photo de téléphone portable. Ce téléphone portable fait référence à l’exploitation des ressources naturelles de la RDC pour l’enrichissement et le confort des Occidentaux. Cette exploitation n’est pas nouvelle : autrefois, il y avait l’ivoire (500 Euros Ivory Tower), aujourd’hui, le coltan (pour la téléphonie mobile, entre autres). Dans Brabo and the Ivory Tower, l’artiste établit un lien entre l’exploitation de l’ivoire et, en fonction de la perspective, soit l’enrichissement de la ville d’Anvers (la grande fontaine sur la Grand-Place), soit l’exploitation impitoyable des travailleurs (et les mains amputées). Antwerp, Belgium to Boma, Congo at Dakar attire l’attention sur le port d’Anvers qui, jusqu’à l’avènement du transport aérien, était la porte entre la Belgique et les colonies. Les voyageurs partaient d’Anvers et y arrivaient, mais ce sont surtout les marchandises qui entraient par cette voie dans le pays et contribuaient à la prospérité d’Anvers.
Copyright: Hank Willis Thomas, Brabo and the Ivory Tower and 500 Euros Ivory Tower, 2019.© The Artist & Maruani Mercier. Photo: Léonard Pongo
Antwerpse Handjes (sculptural wall piece inspired by Belgian Antwerpse Handjes) (2019)
Les « mains anversoises » forment un motif qui fait référence au célèbre textile du royaume de Kuba (qui se situait au sud-ouest de l’actuelle RDC). L’histoire de la Belgique et celle du Congo sont imbriquées, mais il s’agit d’une histoire de violence, même si les apparences sont belles.
Justice, Peace, Work (Stolen Sword Punctum) (2019)
Cette sculpture se focalise sur le geste triomphant d’Ambroise Boimbo qui a volé le sabre du roi Baudouin le jour de l’indépendance du Congo. Un acte que le photographe allemand Robert Lebeck a immortalisé. Ici, l’artiste ne voit plus le motif de la main comme une icône de violence et de souffrance, mais de victoire et de libération. Cela pourrait constituer un nouveau monument pour Congoville, un monument réalisé à partir d’une perspective africaine.